Les jumeaux numériques, suite et fin
Abordés dans la première partie de notre article, les jumeaux numériques sont un sujet brûlant dans l’industrie, mais le processus de création d’un jumeau numérique impressionne.
Jusqu’à présent, la création d’un jumeau numérique nécessite en effet un processus coûteux de collecte de données, de validation et d’intégration du système.
En examinant les jumeaux numériques existants, on réalise que toutes les données nécessaires pour créer les bases d’un jumeau numérique sont des données créées ou capturées lors de la conception et de la construction.
L'exemple de l'Adidas Arena
Un projet concret mettant le BIM en avant de sa production est celui de l’Adidas Arena, qui représente à la fois un symbole du renouvellement urbain du Nord de Paris et aussi le seul équipement construit pour l’accueil des Jeux dans Paris intra-muros.
Ce projet situé à la porte de la Chapelle à Paris réunie sur une surface de 26 000m² trois grandes entités. Conçu par les agences d’architecture NP2F et SCAU et construit par Bouygues Bâtiment, il a représenté un vrai défi lié à sa complexité structurelle et à la mission d’intégration locale au sein d’un quartier en développement.
Le BIM a donc été utilisé dès le démarrage du projet pour en gérer la complexité et la diversité structurelle que ce bâtiment multi-programmatique impose. Cela à faciliter le phasage des travaux entre les différents niveaux qui sont souvent désalignés sur l’ensemble du projet.
C’est souvent le cas face à une maitrise d’ouvrage exigeante, proposant un cahier des charges BIM pointu en termes de cas d’usage et de structuration IFC.
Face à des défis structurels majeurs, les équipes d’architectes, d’ingénieurs et de constructeurs rassemblées sur ce projet se sont appuyées sur Autodesk Revit, Navisworks et BIM Collaborate Pro, des solutions logicielles qui leur ont été indispensables pour une collaboration efficace et en temps réel. Des outils que l’Atelier Juno emploie quotidiennement dans sa pratique de BIM Management.
Perspectives
L'ampleur et la complexité des données disponibles tout au long du cycle de vie des projets, ainsi que l'outil technologique offert par les jumeaux numériques, sont des sujets centraux.
Cependant, il est crucial de reconnaître les défis pratiques auxquels sont confrontées les organisations pour gérer efficacement ces données. La fragmentation des systèmes rend souvent difficile l'accès, la gestion et la validation des différentes sources de données, transformant cette tâche en véritable casse-tête informatique pour de nombreuses équipes.
Ce contexte souligne la nécessité d'une expertise à la fois technique et commerciale pour naviguer dans ce paysage complexe. Les professionnels du génie civil et de la géomatique sont familiers avec des termes tels que le BIM et la simulation de construction, ainsi qu'avec la gestion des données SIG et la modélisation 3D.
Cependant, pour d'autres acteurs tels que les responsables de la vente au détail, les gestionnaires immobiliers ou les membres de la direction, ce langage peut sembler étranger.
Dans ce contexte, il devient essentiel que chaque utilisateur, quels que soient son rôle ou sa fonction, puisse accéder à des données fiables, compréhensibles et pertinentes pour sa mission.
Atelier Juno propose depuis peu des missions de scan 3D, avec une méthode précise et efficace pour réaliser des relevés de bâtiments et en capturant des informations détaillées.
Les autres innovations phares du salon BIM World 2024
Le scan 3D
Le salon du BIM World est aussi l'occasion pour Atelier Juno de rencontrer ses partenaires en direct, notamment Romain Sommero, co-fondateur de la société Capture Solution.
Cette société présente Leica Geosystem sur le salon, ainsi que la société Matterport, leader sur le monde la visite virtuelle du bâtiment.
Le BIM accélère la demande en numérisation de projet aujourd'hui avec une clientèle souhaitant être capable de visiter les projets avant même qu'ils soient réalisés.
Aujourd'hui, on constate qu'il y a besoin de données à jour, plus fiables, plus rapidement et plus facilement. Ceci est couplé à un process Scan-2-Bim, qui met à jour les informations d'un projet grâce à un scan réalisé à posteriori.
La réalité augmentée
Naviguer dans les maquettes en temps réel est aussi l'une des avancées présentées dans le salon de manière plurielle. Les solutions XR (eXtended Reality) rendent cela possible, regroupant les diverses formes de réalités immersives, comme la réalité augmentée (AR) la réalité mixte (MR) ou la réalité virtuelle (VR)
Atelier Juno avait déjà eu l'occasion d'utiliser la technologie de GAMMA AR, solution de réalité augmentée sur tablette, lors d'une visite de chantier, faisant une superposition des éléments virtuels directement sur le réel.
L'essai de l'Apple Vision Pro : Notre avis
L'Atelier Juno a eu l'occasion de tester pour la première le casque à réalité augmenté Apple Vision Pro lors de ce salon. Mais quel est l’intérêt ?
A la différence d'autre casques qui nous permettent d'entrer dans un modèle en réalité virtuelle, le casque de réalité augmenté permet d'amplifier le monde réel avec la superposition de contenu numérique.
La "force" de ce casque réside dans la capacité de combiner les deux outils puisque le casque permet également d'entrer en immersion dans une maquette numérique. L'introduction de ces nouvelles technologies apportent à l'architecture la possibilité d'améliorer la communication et la vérification de la conception. Et c'est ce que Graphisoft a proposé dans son stand avec son application BIMx.
Autodesk opte pour le Meta Quest 3
L'un des stands Autodesk proposait quant à lui une expérience XR (Autodesk Workshop XR) avec un casque à réalité virtuelle Meta Quest 3 pour démontrer leur ambition de rendre l'inspection et la révision de modèle immersive. Cette expérience partagée en temps réel permet aux équipes d'analyser les modèles 3D et leurs données depuis n'importe où.
Au sein d’Autodesk Workshop XR, les utilisateurs peuvent examiner leurs modèles 3D ensemble à l’échelle 1:1 afin de comprendre comment leur projet se traduira dans le monde réel. L'accès aux modèles se fait depuis Autodesk Construction Cloud vers Workshop XR.
Les équipes disposent d’une source unique de vérité (SST) pour les fichiers et les problèmes afin d’acquérir une compréhension spatiale en VR et au-delà.
L'Intelligence Artificielle
La conférence sur l'Intelligence Artificielle (IA) dans le domaine de la construction a souligné l'émergence d'un nouveau concept, l'IA Manager, et son lien avec les villes et bâtiments intelligents.
L'évolution de l'IA dans le Building Information Modeling (BIM) vise à automatiser et optimiser les processus comme jamais auparavant, soulignant l'interdépendance entre les villes intelligentes, les Smart Buildings et les avancées technologiques.
L'agence A26 a illustré son exploration de l'IA à travers ses laboratoires et ses recherches, identifiant trois domaines clés d'application :
l'amélioration des prises de décision,
l'optimisation de la conception, de la construction et de la gestion,
l'exploration de nouvelles approches de conception.
Les Bureaux d'Études Techniques (BET) joueront un rôle crucial dans la mise en œuvre des propositions finales, soulignant ainsi l'importance de leur expertise dans un processus où l'IA complète mais ne remplace pas le savoir-faire humain.
Dans un monde saturé d'informations, l'IA promet de simplifier les processus de suivi de chantier, tout en rappelant qu'il n'existe pas d'IA généraliste.
Trois types principaux d'IA ont été identifiés :
l'assistance bureautique,
la gestion des images et rendus,
l'optimisation et l'aide à la conception de projets.
La mise en place d'une cellule dédiée est recommandée pour évaluer et choisir les solutions les plus adaptées.
Des cas d'utilisation concrets ont été présentés pendant la conférence, comme l'intégration d'un bot IA dans les équipes pour répondre aux questions architecturales et générer des images.
L'accent a été mis sur la nécessité de vérifier les sources des informations fournies. L'IA est appelée à redéfinir les relations entre industriels et architectes, notamment à travers des initiatives telles que « Do-Thank » Fondations.ai, qui encouragera la modélisation d'équipements et objets pour faciliter leur intégration dans les projets.
La collaboration entre l'IA et l'industrie de la construction vise à optimiser les processus, réduire les délais et offrir un contrôle accru aux acteurs industriels.
En conclusion, l'utilisation réussie de l'IA dans le secteur de la construction dépendra de plusieurs facteurs clés.
L'IA est davantage basée sur un système d'essais-erreur, contrairement au BIM où la précision est primordiale dès le début du processus.
Les architectes devront utiliser l'IA comme un outil d'exploration, triant parmi les multiples solutions proposées en fonction de leurs connaissances, leur culture et leur sensibilité.
Pour l'Atelier Juno, intégrer ces avancées technologiques dans ses missions de BIM Management nécessitera une approche réfléchie, combinant l'expertise humaine avec les possibilités offertes par l'IA pour créer des solutions optimisées et adaptées aux besoins de chaque projet.
